Report
A genuinely objective report by Hwikaa
AVANT-PROPOS
Si ma progéniture n’avait pas eu la bonne idée de choper la grippe B juste avant l’événement, je n’aurais pas eu besoin de la veiller jusqu’au retour de ma femme qui, elle, travaillait ce vendredi 10 mars 2023, et je serais arrivé bien plus tôt au Glop Meeting 3 - tout comme AsT, par ricochet.
Le Glop Meeting est devenu, en seulement deux éditions, un incontournable des rassemblements de la crème de la crème de la crème de la scène CPC. Un événement international dont tous rêvent d’obtenir le ticket d’or.
Moi je fais un peu tache au milieu de tout ça, mais c’est pas grave, j’ai mes entrées. Comme j’ai déjà reçu chez moi son illustre organisateur, l’homme que l’on nomme Le Woudoudou, j’ai pu m’incruster l’air de rien parmi les pontes de la cépéçure. C’est que j’avais un plan.
Souvenez-vous : en février 2020, par le biais d’une vile imposture, je rencontrai et touchai du bout de mes doigts avides et nerveux les corps divins et pourtant bien réels d’AsT, MacDeath, OffseT, Roudoudou, Solorenzero et TotO. Un bon début, on ne va pas se mentir, mais il m’en fallait plus. Beaucoup plus.
L’année suivante, le prestigieux meeting n’eut tout simplement pas lieu. Et en 2022, l’univers, la vie et le karma s’accordèrent pour m’empêcher de me joindre aux réjouissances. Mais cette fois-ci, comme je l’avais prédit dans le compte-rendu du premier Glop, rien ne pourrait m’empêcher de réitérer l’exploit. J’étais prêt.
PRÉPARATIFS
Pas question cette année de céder trois mois de salaire à la SNCF, je loue donc un mois à l’avance une Seat Arona pour 80€ les quatre jours, avec kilométrage illimité.
On va rofl en mode mega lol ou je vais rencontrer Madram ? Spoiler alert: les deux !
Je m’acquitte de mes devoirs professionnels et je pose mes jours de congés, histoire de sécuriser au maximum le plan meeting. L’idée étant d’arriver vendredi, de rester tout samedi et dimanche, et de rentrer pépouze le lundi.
J’apprends au détour d’une conversation sur Discord-Cpc-fr - probablement pas dans le canal approprié, comme d’habitude - qu’AsT redoute non pas les 3 Suisses mais une potentielle grève des trains. Je me propose de le véhiculer, ce qui me permettra le moment venu d’agrémenter la fin de mon voyage aller d’un petit snack et d’une agréable compagnie.
Or donc, mon ado chope la grippe B, obligé de rester au lit et bien isolé de tout et surtout du collège pendant au moins cinq jours. Bourdel, je sens que ça va compromettre la glopure tant espérée. Heureusement, ma douce épouse s’arrange avec son taf pour échanger des jours avec sa collègue, et faire en sorte que tout se goupille le mieux possible. Je partirai huit heures plus tard que prévu, mais mon expédition ne sera pas annulée.
Je prépare soigneusement mes affaires, cette fois : en plus d’un boxer de rechange, je pense à glisser dans mon sac de sport un MacBook (configuré pour accéder à mes fichiers dans le cloud et faire tourner Photoshop et Animate) et une tablette Intuos, à défaut de pouvoir trimbaler mon iMac et ma Cintiq. Je pense également à emmener Mother X4, X-Mem et X-Mass afin qu’AsT m’installe l’intégralité des derniers outils de sa suite logicielle. Enfin, je cale le tout avec l’indispensable duvet dans lequel je coince quelques bouteilles dont une mirabelle distillée par ma sœur en Lorraine, parce que.
VENDREDI
Quand je suis seul sur la route et que je m’emmerde profondément, en général je fous de la musique à tope et je chante. Pendant cinq heures s’il le faut. Ça me permet d’entraîner à la fois mes cordes vocales et ma tolérance aux fréquences irritantes. Mais, plus que tout, ça me maintient éveillé. Après avoir épuisé les répertoires de Tété et de BTS, j’arrive vers 21h15 à Malataverne, un village dont le seul nom m’inspire des histoires de sorcellerie, d’heroic-fantasy et d’adolescents meurtriers, mais avant tout lieu de résidence d’AsT (prononcez “A-èsse-thé”, j’ai demandé directement à l’intéressé). Après une longue et chaleureuse étreinte, et ainsi que je le mentionnais trois paragraphes plus haut, ce dernier m’offre de quoi reprendre des forces et charge son barda dans mon coffre avant que nous filions direction la deuxième étoile à droite puis tout droit jusqu’au matin. Nous décidons finalement de nous en tenir au plan et d’aller à Valence.
Le trajet se déroule sans incident notable - excepté ceux que mon passager me partage dans ses anecdotes qui mériteraient un rapport entier à elles seules - et nous finissons par atteindre le lieu défini comme notre destination dans G00gle Maps : le Manoiroudoudou.
Nous tournons trois bons quarts d’heure dans un dédale de rues à sens unique à la recherche d’une place de stationnement pour finalement nous échouer sauvagement devant l’entrée du Châteaudoudou. Nous y sommes enfin, et il est presque minuit.
Easter Egg, représenté par TotO, et Solorenzero, représenté par Solorenzero, sont déjà dans la place et les retrouvailles sont enjouées et enthousiastes mais chuchotées parce que, hein, comme je le disais, il est bientôt minuit et la maisonnée dort du sommeil du juste.
Chacun déballe ses affaires, les cadeaux au maître de maison sont distribués, les minettes sont caressées et l’on peut assister en direct à la mise en ligne de FatMag, un diskmag CPC du groupe Resistance, le 11 mars 2023 à exactement 0h04, contrairement à ce que prétend pouet.net. Codé par Roudoudou, utilisant une fonte spécialement développée pour sa grande lisibilité, le diskmag est gorgé d’actus et d’interviews et repose sur l’innovante technologie de protection Secutrack®.
Chauves : 2, Chevelus : 2. Mais… il en manque un ! Mince, j’ai oublié AsT dans la voiture !
Après ce boost d’adrénaline, nous tombons dans une quasi léthargie et montons dans notre dortoir pour y passer une première nuit sans rêves. Mais avec ronflements.
SAMEDI
Golem13 est sur la route depuis un peu plus d’une heure lorsque je me lève avec mon ami le soleil et me retrouve nez-à-nez avec le Châtelain. Ainsi que nous l’avions planifié, nous partons en mission marché, en marchant, afin de collecter les quelques dernières provisions que l’arrivée de nombreux sceners plus ou moins poilus requerra. Du pain, du fromage, de la charcutaille… On va se mettre bien.
AsT fait la lecture.
De retour à la Citadelledoudou, nous saluons au gré de leur apparition les nouveaux levés. Nous profitons pendant quelques instants fugaces de la présence de Madame Doudou, Mesdemoiselles les Roudoudettes et Morgane (@little_blue_owl_ sur Insta - abonne-toi - autrice de la magnifique illustration de couverture du premier numéro de 64 NOPs, un magazine formidable s’il en est, rhalala, nan mais dites-moi ma bonne dame, a-t-on idée de produire de la presse CPC d’une telle qualitay, ¡ayayay mi corazón!), dont le déménagement marquera à jamais cette matinée de meeting de son empreinte indélébile.
Bonjour, je suis Hwikaa, je viens pour le meet… de quoi ? Porter des cartons ? Ah, OK.
Il est 10h et Golem13 et Mage nous informent qu’ils sont à Lyon. Une heure plus tard, Vanity franchit le seuil du Casteldoudou en la personne de Beb. Je suis nerveux et intimidé mais chut, c’est un secret, je suis sûr qu’il ne s’en est pas du tout aperçu. C’est qu’il dégage un de ces magnétismes, l’animal ! À faire sauter une protection Secutrack®. Pour jouer les graphistes, je porte un hoodie aux couleurs assorties à mes Vans ; malheureusement, comme on ne peut décemment pas porter nos souliers souillés dans l’aile ouest de l’édifice, tout l’effet visuel se casse la gueule. Je perds contenance, et les premiers échanges sont un peu timides, surtout de ma part. J’ai jamais trop su comment me comporter à un premier date. Vu comment je sue à grosses gouttes, j’espère que les phéromones font bien leur taf.
Golem13 et Mage ne sont toujours pas arrivés lorsque Khomenor sort de Twitch pour entrer chez Roud. Je tombe immédiatement sous le charme du bonhomme, souriant, affable, généreux. Encore plus que sur nos écrans. J’ai envie de le serrer fort contre moi dans une étreinte longue et chaleureuse mais ma timidité maladive et mes bras trop courts me font renoncer au projet. Ce meeting m’aura douloureusement placé face à mon risible gabarit. Monsieur Kho s’est pointé avec un t-shirt SEGA Master System sur le dos et un C64 new generation (comprenez avec ports USB et sortie HDMI) sous le bras, qu’il s’empresse de glisser entre les mains expertes de Beb.
Beb boit et bidouille un bien bel objet.
11h50, Golem13 et Mage apparaissent devant nous. C’est juste fou. Comme deux aimants irrésistiblement attirés l’un vers l’autre, le programmeur de Ghosts’n Goblins et son (nouveau) graphiste se rencontrent enfin, dans un moment de gloire céleste au ralenti avec fond flouté et particules étoilées, et partagent une longue et chaleureuse étreinte. Tout semble tellement irréel. Les mots nous manquent : “euh… c’est toi Golem ?”, “euh… ouais. Donc toi c’est Hwikaa ?”, “bah ouais… euh… ça a été, la route ?”, “euh… ouais… et… c’est bon, t’as fini les graphs, du coup ?”, “euh… tiens, c’est Mage, là, à côté de toi ?”
iXien, Hwikaa et Golem13, moins iXien. La dream team pas du tout au complet.
Brillante transition, c’était effectivement Mage. Le Mage. Pas un mirage, pas une image de Mage, non, LE vrai, seul, authentique et impérial Mage.
Un TotO, un AsT et un Mage sauvages dans la moiteur de la forêt valentinoise.
À 12h55, j’écris sur Discord-Cpc-fr, probablement pas dans le canal approprié, « Moi, ça y est, je suis déjà bourré. »
Et j’imagine qu’il y a du vrai puisque, à partir de ce moment, l’enchaînement des événements me revient beaucoup plus difficilement (note pour les organisateurs de futurs meetings : je ne vous coûterai pas bien cher en alcool, un demi-verre de vin et je suis cuit).
Je baigne dans cette douce semi-ivresse cotonneuse lorsqu’apparaît Barjack, du groupe Praline. Il est grand, il est beau, il sent bon le split-raster. Mon petit cœur de grapheur bat la chamade et les quatorze coups de midi (je vous ai prévenus : je suis bourré). J’ai tellement fantasmé cet instant que je crains de ne pas être à la hauteur. Et si Barjack se rend compte que je suis bien moins que tout ce qu’il a pu imaginer ? “Ah merde, mais c’est ça Hwikaa, en fait ?”
Heureusement, il me serre dans ses bras, d’une étreinte longue et chaleureuse qui fait s’évaporer aussitôt toutes mes inquiétudes. Je viens me placer près de lui alors qu’il cause avec Beb, je glisse quelques mots génériques tels que “pixels”, “octets” et “mode 1” et, hop, le moment est immortalisé par Monsieur Treize :
Une voix off proclame : “les trois meilleurs graphistes CPC réunis !”… Je cherche encore le troisième.
Heureusement qu’il y a les photos, parce que voilà comment moi je vois les choses à ce moment-là :
Remis de mes émotions mais toujours aussi bourré qu’une heure avant, je file un coup de main à Roud pour agrandir la hauteur sous plafond afin que tout Overlanders, représenté par Madram (mais pas Shap), puisse tenir dans la salle de réception. Le bonhomme a perdu quelques centimètres en adoptant le look capillaire du maître de maison, dont je suis moi-même un fervent adepte, mais il faut malgré tout un espace qui puisse accueillir verticalement ses 3,50 mètres.
“Demain, j’enlève le bas.”
Khomenor m’invite à tester en vrai A Pig Quest, mon dernier crush vidéoludique. J’en suis tellement tombé amoureux que je l’ai acheté. Alors que je n’ai même pas de C64. Bref. Je le lance, j’y joue. Je kiffe. Mais je suis bourré, rappelez-vous. Alors je perds. Plusieurs fois. Trop de fois. En mode facile, en plus. Mais j’apprécie l’expérience et je remercie Khommodore du fond du verre.
Le nouvel Amstrammodore 64 Plus et son titre de lancement.
Je crois qu’on mange des pizzas. Ou des chips. Ou des lasagnes végétariennes. Ou un peu tout ça, je me souviens plus. En tout cas, on (je ?) passe un chouette moment qui file à la vitesse d’un cheval qui souffle en tempête. Dans la chaleur réconfortante de l’hospitalité de Roudoudou, je tente de savourer au maximum les échanges précieux avec Golem, Beb et Barjack, je regarde Madram coder, j’écoute avidement l’humour pince-sans-rire de Mage aux côtés d’AsT et de MacDeath qui nous a rejoints, je me laisse bercer par la voix ASMR de Solo, le regard bleu acier de TotO m’envoie régulièrement des petits signaux complices, je me sens bien, dans mon élément. Comme un pinceau dans le vin.
Certains vont se coucher tôt, probablement pour avoir le temps de trouver ou crafter un matelas de quatre mètres de long, d’autres quittent le navire, et au bout d’un moment je rejoins notre dortoir afin de m’écraser dans un sommeil sans rêves.
DIMANCHE
Les ronflements s’estompent avec les premiers rayons du soleil de cette dernière journée de meeting. On se réunit autour de la table sur laquelle nous attendent céréales, lait, thé, café… D’une bonne humeur évidente, nous lançons les premiers sujets relatifs au CPC sans montrer la moindre pitié pour les croissants frais.
Comme promis, Madram a tombé le froc et code assis (ce qui le ramène à une taille un peu plus humaine de 2,20 mètres) et en caleçon. Je réalise qu’on a davantage refait le monde qu’autre chose, alors je profite des quelques heures qui nous restent pour partager avec Solo mes tests grossiers de conversion CPC de Link’s Awakening (qui datent de 2013, hein, soyez indulgents), je montre quelques pages du game design de “Tom” (titre provisoire), mon projet de jeu sur Plus, et je graphe un peu de Red Arremer pour GnG afin d’illustrer mon process.
De temps en temps je joue des petites bricoles sur le piano, ce qui nous permet de nous lancer, Beb, Barjack et moi, dans une conversation passionnée sur la musique en général, les Doors, Pink Floyd, Queen, et la pratique d’un instrument. Mage et Golem rechargent leurs batteries sur le canapé, Solo refait son paquetage, tous se préparent à l’instant fatidique de la séparation.
Tout le monde dit “LD A,0” !
Les adieux sont difficiles pour moi, je m’attache trop vite, je suis un émotif et un incorrigible sentimental. Je rassemble toutes mes forces pour ne pas pleurer alors que je gratifie chaque participant d’une étreinte à la fois longue et chaleureuse. Puis, un AsT sous le bras, je m’en vais dans le soleil couchant.
Malataverne, café, snack, autoroute, 5 heures à brailler des intervalles non justes dans la Seat Arona immatriculée Madram, je finis par restituer le véhicule à l’agence de location huit heures plus tôt que prévu et sauter dans le premier métro L3 direction Zona Universitària.
Je pose mes bagages dans l’entrée, j’étreins longuement et chaleureusement mes amours et mes chats, je mange, reprends une douche et, après avoir tenté de passer un maximum de temps auprès de ma famille, je finis par me glisser dans mon lit comme dans un duvet, fermer mes yeux encore pleins d’étoiles en mode 2, et partir loin, très loin, dans un sommeil sans rêves.
Et sans ronflements.
